Dans le Rétro #5 / Et maintenant, petite burneuse ?!
Eh bien, je crois que c’est une fois les deux pieds de nouveau dans la réalité, que je mesure réellement ce que cette expédition vers des émotions perdues et retrouvées, ce que ce voyage à l’autre bout de ma vie, m’a apportée.
Je croyais, avant mon départ pour la ville éphémère, que Burning Man était et se vivait telle une parenthèse que l’on ouvre et referme, aussitôt l’aventure terminée. Je pensais, aussitôt revenue, que les émotions ressenties dans ce monde enchanteur allaient petit à petit s’évanouir jusqu’à se tarir avec le poids de la « vraie » vie. Mais finalement rien ne s’oublie ! Rien ne m’échappe ! Au contraire tout se poursuit ! Plus d’un mois après cette folle épopée, tout se poursuit dans cet élan du « se perdre pour se retrouver ». Aujourd’hui, j’en suis arrivée à la phase « réalise et pérennise ».
Il y a ces instants, rencontres et échanges vécus qui ne cessent de venir sonner, résonner puis me raisonner à la porte de mon quotidien. Comme, si je ne pouvais les occulter. Certes la « réalité », MA réalité a repris ses droits, avec ses obligations, son organisation, son fonctionnement mais ma vision en est aujourd’hui différente. Car même les plus infimes instants Burning Man, aussi furtifs furent-ils, viennent s’y glisser, s’y ancrer, s ‘y loger, parfois s’y heurter pour la bousculer. Mes nuits, non plus, ne sont pas épargnées. La playa s’y présente régulièrement comme terrain de jeux à mes rêves. Alors oui, aujourd’hui l’aventure se poursuit toujours. Elle se diffuse … s’infuse. Burning Man serait telle une décoction, un sachet de thé épicé et corsé, venu se déposer dans le bain de ta propre vie et qui se laisse infuser jusqu’à...
Jusqu’à ce que tu te dises … je suis !
Car au delà de l’art, de ces expériences sonores et visuelles, qui viennent frapper tes sens et t’emmènent dans une incessante bourrasque créative, c’est avant tout l’expérience humaine qui est pour moi la plus significative. Ce grand rassemblement humain de 70 000 personnes toutes réunies dans un seul et même objectif : faire battre le cœur de Black Rock. Pendant une semaine. De jour comme de nuit. Avec frénésie, fluidité et bienveillance ! Tout le monde s’y est croisé, s’est effleuré et attardé sur les uns et les autres. Au cœur de cet endroit perdu, tous avons réussi à revenir à la genèse de notre monde : nous ! Nous étions tous les maîtres, les rois, les dieux. Et moi petit burneuse, j’en ai fais irrémédiablement partie ! L’expérience humaine s’est alors muée insidieusement en expérience personnelle. En prenant réellement conscience des autres, j’ai définitivement et réellement pris conscience de moi. Je vois ma vie d’en haut. D’en haut et non de haut ! Comme si le fait de s’être roulée à la poussière, d’être revenue en quelque sorte à cet état originel, à cette petite poussière parmi tant d’autres, m’avait propulsée tout là-haut sur la grande échelle du recul et de la distance ! Je suis plus que jamais le maître de ma vie. Du vertige pour de la plénitude ! Aussi, Burning Man serait telle une loupe sur ta condition, tes émotions, ton intuition, tes maux, tes freins, ta vie, tes envies même les plus enfouies et inavouables ! Bref, ta vérité absolue ! Alors, aujourd'hui, la petite burneuse que je suis, semblerait à l’orée d’une nouvelle vie. Plus tout à fait la même mais irrémédiablement elle-même !
Et si, à cet instant, je ne peux être nostalgique que d’une seule et unique chose, c’est bel et bien celle de ma virginité, celle d’avoir vu pour la première fois le Man !
A l'année prochaine !
One of my Men (c) MB
Burning Man is an odyssey (c) MB