In My Mind #2 - Je suis Charlie mais pas que !
Je suis restée tétanisée, scotchée pendant 3 jours à mon écran (seule interface qui me relie à mon pays) pour tenter de comprendre l'infâme. Et puis, j’ai décidé de reprendre ma plume pour honorer cette liberté qui nous est offerte de s’exprimer … cette chance qui nous est donnée de penser, de vivre… encore !
Peu importe où nous étions, quand et comment nous avons appris la tragédie, elle est venue nous ramener d’un seul bloc à notre propre appartenance : française ! A notre propre existence : humaine ! A notre propre condition de mortels ! Car c’est une famille toute entière que ces barbares sont venus meurtrir. La France et ses enfants. Car ce sont nos frères qu'ils sont venus tuer. Nos faiseurs de rire, nos agitateurs de pensées, nos résistants, nos couillus, nos gardiens de la paix, nos civils. Nos bons profondément bons. Nos pairs !
En un instant, le quotidien s'est arrêté. En un instant, il n'était déjà plus ce qu'il était. Pour ouvrir sans que nous le sachions encore, le champs à la surenchère de l’extrême, trois jours durant. Trois jours marqués au rouge sur le calendrier de nos vies.
Nous non plus, nous ne sommes sensiblement plus tout à fait les mêmes. L'état de torpeur est venu réveiller notre conscience civique ! Nous sommes devenus cette foule compacte et unie. Une même entité. Inconsolable mais encore libre d’enrager face à la cruauté. Chez nous, à nos fenêtres, dans la rue, sur nos murs, nous avons pleuré nos morts. Au même titre que la liberté d'expression, c'est la liberté d'exister tout court qui a été mise à mal. La fraternité est venue renforcer nos rangs. L'élan patriotique a définitivement pris le dessus sur la barbarie. La fierté et la dignité contre le mal incarné. Il est ici notre meilleur combat ! Notre première victoire !
Et demain ? A cette question, nous pourrions répondre par un : « Déjà ? » Déjà penser à l’après alors que nous venons, à peine, d’enterrer nos morts ? C’est pourtant tout l’enjeu de ce deuil national. Et certains n’ont pas attendu sa bonne fin pour faire entendre leurs voix. Pas de pitié pour les opportunistes encartés, les frustrés, les thésards du complot, les idiots : le massacre semblerait avoir un héritage, celui de leur élection et du pouvoir ! Rien ne les arrêtera et surtout pas le sens commun ! Et c’est pourtant de ça dont il s’agissait hier. Ce sens commun qui nous a fait tous nous prendre par la main. Et c’est pourtant de ça dont il s’agira aujourd’hui et plus que jamais demain : apprendre définitivement à vivre ensemble pour chérir la première chose qui nous a été donnée en commun : la vie !
Demain, et le premier jour du reste de celle-ci !